Écrire

Des bons textes ? – Ça ne nous suffit pas.

Comment fait-on pour écrire une merveille de texte ? Contrairement à ce qu’on dit, ce n’est pas sorcier. Mais ça demande beaucoup de travail.

 

Il faut aimer la critique. Elle qui pousse à faire toujours mieux. Aussi allons-nous la chercher à la source : un journaliste a revu et épluché chacune de nos publications. Page par page, point par point. Ane Hebeisen, rédacteur culturel au quotidien bernois « Der Bund », s’est frayé un chemin à travers notre montagne de papier, nous rappelant au passage ce qui fait d’un texte qu’il est vraiment bon. Suivez le guide !

 

Un texte ...

n’est pas une fin en soi. On n’écrit pas pour le plaisir d’écrire. Que voulez-vous dire et, par-dessus tout, à qui ? On ne peut jamais mettre dans un texte tout ce qu’il y aurait à dire sur le sujet. Mais ce qui est important pour vous, oui ! Ayez le courage d’être incomplet ! Écrire n’est pas anodin. Un écrit peut changer la face du monde. Sans aller jusque-là, vous pouvez former des opinions, véhiculer des connaissances, faire naître des émotions. Comment ? En ayant à l’esprit quelques règles incontournables.

 

Les titres ne sont pas là pour faire joli ...

et la première phrase doit avoir la rapidité de l’éclair. Évitez les lieux communs du genre : « La mutation numérique s’est étendue à presque tous les domaines. » Le lecteur se dira que vous êtes bien long à en venir au fait. Mieux vaut le surprendre, le brusquer, éveiller sa curiosité : « Pourquoi vous le cacher, j’ai un smartphone. » Les lecteurs adorent les aveux. D’autant plus, en l’occurrence, que ce n’en est pas vraiment un. Entamé sur une note captivante, le texte ne doit pas s’essouffler en cours de route. Comment l’éviter ? Par exemple en relançant le débat, en proposant une perspective différente. Les lecteurs ont aussi un faible pour les serpents qui se mordent la queue. Faites-leur plaisir en bouclant la boucle : « Voilà, cher lecteur, pourquoi, malgré tout, j’ai un smartphone. »

 

Illustrations, graphiques et vidéos ...

sont censés soutenir le texte et non lui faire concurrence. La légende explicite l’illustration, mais n’a pas à la décrire. « Le mazout se déverse dans le golfe du Mexique » n’ajoute rien au texte. « Visqueux comme des accusations mensongères ou de l’argent occulte » serait plus parlant. Titres, chapeaux, légendes et intertitres forment un univers à part ; ils balisent le texte, donnent envie de le lire, mais ne le remplacent pas.

 

Les rapports de congrès ne sont pas forcément ennuyeux, ...

mais rarement emballants. Tout n’est pas passionnant dans ce qu’on entend en une journée. Il suffit d’en lire pour s’en apercevoir. Laissez donc reposer la chose pendant 24 heures. Parlez-en ensuite à votre mari, à votre colocataire, à quelques amis ou à votre chat. En 4-5 phrases. Pour dire quoi ? C’est là votre accroche, le top de votre article. Une astuce toute simple pour donner du piment à votre texte : écrivez au présent. Ça lui fera prendre de la vitesse.

 

... et n’oubliez pas la fin !

Ce qui commence par l’éclair, doit finir par un coup de tonnerre. Par un coup de gong sur la caisse de résonance qu’est le lecteur. Demandez-vous quel est le message essentiel. Et rappelez-le à vos lecteurs. Dites-leur, tout à la fin, ce dont ils sont encore censés se souvenir au bout de quinze jours.